Popcorn Time : les déboires du « Netflix du piratage »

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logo Le MondeParlez de Popcorn Time au Monde et plusieurs collègues avoueront leurs difficultés, depuis la fermeture ce week-end de ce service, à regarder des films ou des séries. C’est dire si ce logiciel, apparu il y a deux ans et comparable à une version illégale du service de vidéo par abonnement Netflix, est grand public. Mais l’une de ses versions les plus utilisées, PopcornTime.io, a été mise hors ligne vendredi 23 octobre, en raison de dissensions dans l’équipe, sur fond de menace de procès.

« J’ai fermé tous les serveurs. Il n’y a plus rien que je puisse faire », a expliqué Wally, le pseudonyme d’un des développeurs bénévoles, au site d’information spécialisé américain TorrentFreak, ce week-end. Le départ d’une partie de l’équipe à l’origine de PopcornTime.io serait notamment dû à la rumeur d’une possible attaque en justice des studios hollywoodiens, détenteurs des droits des nombreuses œuvres visionnables par Popcorn Time.

La peur d’un procès aurait attisé les divergences stratégiques déjà présentes entre les développeurs, raconte TorrentFreak : l’un des points de discorde était un VPN, un service de protection codéveloppé par Wally, afin d’offrir aux internautes la possibilité de ne pas être visibles des instances de contrôle du téléchargement illégal, comme la Hadopi française.

Succès auprès des utilisateurs les moins aguerris

Ce système, payant, était dangereux aux yeux de certains membres de l’équipe : ces derniers étaient persuadés que l’absence de revenus du service gratuit était une des meilleures défenses juridiques de PopcornTime.io en cas de procès. Wally a eu beau affirmer ne pas « vouloir faire de l’argent » et chercher à assurer la pérennité de son service, le divorce était consommé.

Cette fermeture est un nouveau déboire dans l’histoire de Popcorn Time, lancé au printemps 2014. Ce logiciel mélange l’interface claire et le visionnage immédiat d’un Netflix à la variété, la richesse, et surtout la gratuité du catalogue de films et de séries du téléchargement illégal en « pair à pair ».

En quelques mois, Popcorn Time a conquis les utilisateurs moins aguerris, qui trouvent trop compliqué l’usage des logiciels classiques de téléchargement illégal. Aucune statistique fiable n’existe quant au nombre d’utilisateurs du service, mais il est régulièrement estimé à plusieurs millions. Suffisamment, en tout cas, pour que le patron de Netflix considère Popcorn Time comme l’un de ses principaux concurrents.

La première version du logiciel a vu le jour, début 2014, chez un développeur argentin, dont on ne connaît que le prénom, Sebastian. Ce dernier fut bientôt rejoint par une multitude d’autres contributeurs : le code informatique du logiciel est public et n’importe qui peut y contribuer et proposer une version personnalisée.

« Un problème de service »

C’est ce qui avait permis, jusqu’ici, à Popcorn Time de survivre. En 2014, déjà, le fichier d’installation du logiciel avait été mis hors ligne quelques heures après son lancement, supprimé par son hébergeur. Une poignée de jours plus tard, le site sur lequel on trouvait ledit logiciel avait disparu, cette fois-ci totalement. Les créateurs de Popcorn Time avaient alors publié un texte pour justifier leur décision.

« Le piratage est un problème de service », y affirmaient-ils. Un reproche fréquent, selon lequel les industries du divertissement offrent des films et séries trop anciens, à des prix trop élevés, contraignant les internautes à se rabattre sur des offres illégales. « Un problème, selon les pères de Popcorn Time, créé par une industrie qui voit l’innovation comme une menace pour leur vieille méthode pour créer de la valeur. » Ils avaient aussi évoqué des « menaces légales » qui les mettraient « en danger ».

Une fermeture éclair

De quoi lancer les spéculations : les ayants droit de l’industrie du cinéma étaient-ils parvenus à avoir la peau de Popcorn Time ? La réponse…

La suite sur : Popcorn Time : les déboires du « Netflix du piratage »
Le Monde – 27/10/2015

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